Rennes. Un céramiste et un grapheur invitent l’esprit punk aux Arts du feu
Jean-François Bourlard, céramiste de Bordeaux, et le graffeur rennais 1HC2 s’associent pour les Arts du feu. Ils vont faire résonner leurs univers « désordonnés » pour réaliser une fresque, en direct.
Jean-François Bourlard (à gauche), céramiste bordelais et Julien, dit 1H2C, graffeur de Rennes. | OUEST-FRANCE
Et dire qu’il y a à peine quelques mois, ils étaient, pour l’un comme pour l’autre, d’illustres inconnus. Jean-François Bourlard, céramiste de Bordeaux, et Julien, dit 1H2C, graffeur rennais, vont mettre leurs talents au service de l’autre à l’occasion des Arts du feu. Chaque après-midi, du jeudi 12 au dimanche 15 décembre, ils vont réaliser une fresque de 3 m2 en direct, sur la place de la mairie, au milieu de 52 autres exposants. Une collaboration inédite dans l’histoire de l’événement.
Un côté « transgressif »
Les deux artistes promettent un spectacle « très visuel ». Jean-François Bourlard a développé une technique de « raku punk », s’émancipant de toutes les contraintes esthétiques et fonctionnelles de son art.
« Le raku consiste à sortir les pièces du four encore chaud. Contrairement à une cuisson traditionnelle où on attend qu’il se soit complètement refroidi », détaille le Bordelais. Les notes punk proviennent du côté « transgressif » de ses méthodes et des associations de matières. Comme le plastique ou la ferraille. Le céramiste aime casser, enfourner, défourner et faire fondre ses pièces, qu’il trempe dans de l’émail en fusion, puis superpose, dans une vraie démarche expérimentale.
Julien, lui, travaille avec des bombes de peinture. Le jeune homme se démarque des graffeurs tel qu’on se les représente par une approche « abstraite » et non purement contemplative. Grâce à une technique de perçage, il joue avec l’épaisseur des lignes et fait la part belle à la spontanéité.
« Casser les stéréotypes »
Si le binôme a une « petite idée » de son œuvre finale après des essais dans l’atelier de Jean-François Bourlard, il laisse l’instinct dicter ses gestes pour cette fresque à quatre mains. « Rien ne nous empêche d’empiéter sur le domaine de l’autre, explique le céramiste. Je pourrais, à un moment, me mettre à graffer, et Julien, prendre les pinces. »
On doit cette collaboration aux Arts du feu. Ses responsables ont mis en relation les deux artistes. « Pendant longtemps, la céramique a été jugée trop académique et le graff, comme un art marginal », souligne Sacha Polochinski, l’un des organisateurs. Selon lui, le travail de Jean-François Bourlard et Julien « casse ces stéréotypes ».
Jusqu’au dimanche 15 décembre, de 10 h à 19 h, place de la mairie. Entrée libre.